Construire un bâtiment conforme à la réglementation thermique 2012 (RT 2012) : Quelques solutions techniques

Bruno, Rindra

Construire une bâtiment conforme à la Réglementation Thermique 2012 (RT 2012) repose sur une conception intelligente et sur l’utilisation de matériaux performants.

  • Une conception intelligente :

Les besoins en consommation d’énergie étant limitées, des apports naturels provenant de l’environnement extérieur peuvent compenser cette restriction.

  • Des matériaux performants :

Il est impératif d’opter pour des matériaux performants, qui sauront à la fois restituer, conserver ou même produire de l’énergie. De plus, les exigences de moyens prévues par la RT 2012 prévoient de recourir à une source d’énergie renouvelable.

Ci-dessous quelques pistes éprouvées, fréquemment rencontrées dans le cadre de la construction de bâtiments de basse consommation.

Attention : cette très courte liste n’est présentée qu’à titre d’information. Elle n’a absolument pas pour vocation d’apporter des solutions imparables, elle n’a d’ailleurs aucune valeur technique et tranche radicalement avec la ligne éditoriale du site. Elle est en outre très partielle en plus d’être générale.

L’idée ici est exclusivement d’apporter quelques éléments permettant de prendre vaguement connaissance des choix techniques fréquemment rencontrés dans le cadre de la construction de bâtiments de basse consommation.

La consultation de professionnels reste la façon idéale de construire un bâtiment de basse consommation.

Conception du bâtiment

L’approche architecturale encouragée par le législateur est clairement bioclimatique : la construction doit mettre l’environnement proche à contribution car les besoins en consommation d’énergie primaire sont limités.

Ainsi, le bâtiment est nécessairement pensé afin d’exploiter les phénomènes naturels ou d’en limiter les effets.

Pour réduire les pertes thermiques et le gaspillage énergétique en conséquence, il est préféré la construction de bâtiments compacts, qui sont d’ailleurs plus simples à isoler.

Les pièces régulièrement occupées (chambre, séjour) sont préférablement au Sud tandis que les pièces occupées plus rarement et non chauffées sont situées au Nord.

Mode d’occupation du bâtiment et aménagement du terrain

Le bâtiment est préférentiellement orienté vers le Sud afin de tenir compte des apports d’ensoleillement.

Au-delà, c’est le terrain qui est aménagé en tenant compte des périodes d’ensoleillement au cours de l’année. Il est par exemple judicieux d’effectuer des plantations au Nord de la construction afin de limiter l’apport de chaleur en été. Aux zones les plus exposées au vent, les plantations peuvent également participer à créer un espace tampon.

L’aménagement de dalles en béton aux abords du bâtiment est peu rencontré, car elles emmagasinent trop de chaleur.

Les structures du bâtiment

Les structures du bâtiment reposent sur l’utilisation de matériaux à la fois étanches et qui permettent de traiter aisément les ponts thermiques (art. 18 de l’arrêté du 26 octobre 2012).

Les lotissements conformes aux exigences de la RT 2012 tendent à privilégier les structures types « briques » terre cuite de 25 cm d’épaisseur ou type blocs béton cellulaire en complément de rupteurs de ponts thermiques.

De plus, l’inertie thermique des matériaux, qui correspond à leur capacité à conserver la chaleur l’hiver et la fraîcheur l’été, est largement mise à contribution. Ainsi, les solutions types « briques » et « béton cellulaire », profitant d’une isolation répartie, peuvent amoindrir l’impact des variations de température.

Les baies vitrées (fenêtres)

Les fenêtres sont préférablement orientées vers le Sud afin de limiter l’éclairage artificiel en plus de capter efficacement les apports solaires.

En contrepartie, les concepteurs de bâtiments conformes à la RT 2012 limitent l’implantation de fenêtres à l’Ouest du bâtiment.

Les baies vitrées doivent être efficaces, aussi la solution du double ou triple vitrage reste très courante.

Il convient de prendre en compte l’inclinaison des baies au regard de l’environnement extérieur (topographie, plantation) et la présence de protections solaires (volets) en vue de moduler les apports et pertes solaires. De plus, les constructeurs limitent l’installation de fenêtres et le cas échéant leurs dimensions aux façades les plus exposées au vent.

A rappeler que la RT 2012 prévoit que la surface des baies en m², y compris les portes, doit être supérieure à 1/6e de la surface habitable (article 20 de l’arrêté du 26 octobre 2010).

Isolation du bâtiment et traitement des ponts thermiques

Un pont thermique désigne les ruptures de la barrière isolante à certains points de la construction.

Les ponts thermiques, sources de perte énergétique, font l’objet d’une attention particulière. Liaisons entre les maçonneries, les parois vitrées et autres coffrets sont autant de points de vigilance, pour lesquels il convient de s’assurer d’une parfaite étanchéité.

- Quelques exemples de ponts thermiques :
Ponts thermiques horizontaux :

  • Plancher haut terrasse – façade ;
  • Plancher intermédiaire – façade ;
  • Plancher bas – façade.

Ponts thermiques verticaux :

  • Angle ;
  • Façade – refend.

Appuis de fenêtre :

  • Fenêtre ;
  • Porte-fenêtre.

D’autres déperditions thermiques peuvent être liées à un défaut de conception de la façade, entraînant des infiltrations d’air parasite. Il s’agit dans ce cas de déperditions surfacique.

Les défauts d’étanchéité d’un bâtiment existant peuvent être localisés par un professionnel thermicien, avec par exemple la technique de l’infiltrométrie (porte soufflante).

Par ailleurs, le thermicien sera amené à effectuer ce test afin d’établir l’étude synthétique obligatoire de fin de travaux.

Techniques d’isolation

Deux types d’isolations peuvent notamment être envisagés :

Isolation par l’intérieur des parois verticales

Utilisation de rupteurs thermiques au nu intérieur des façades de la construction. C’est essentiellement cette solution qui est rencontrée lors de la construction de bâtiment de basse consommation.

- Matériaux envisageables
Isolants constitués de matériaux d’origine organique, minérale, végétale ou animale. Voici un lien vers le site www.strikto.fr présentant quelques matériaux d’isolation : « Choisir son isolation ».

Isolation par l’extérieur des parois verticales

Cette approche consiste à envelopper le bâti, par exemple par l’emploi de bardage, vêtures ou plaques en béton cellulaire, en vue de rompre les ponts thermiques et éventuellement les défauts de perméabilité des structures. Cette solution semble pertinente dans la cadre d’une rénovation du bâti existant.

Isolation des combles

L’utilisation d’isolants d’origine naturelle ou minérale entre les solivettes peut contribuer à une bonne résistance thermique.

La toiture doit par ailleurs être étanche à l’air : l’installation d’une enveloppe continue (faux comble) est fréquemment rencontrée.

Dans la mesure où ils font l’objet de travaux particuliers, il est à noter que les combles des bâtiments de basse consommation sont pour la plupart aménagés.

- Quelques matériaux d’origine naturelle cités par l’arrêté du 26 octobre 2010 :

Annexe IX de l’arrêté du 26 octobre 2010, « Performance par défaut des isolants bio-sourcés » :

  • Isolants dérivés du bois : liège comprimé ou expansé, panneaux de fibres de bois, panneau de laine de bois ;
  • Isolants à base de fibres végétales : cellulose, chanvre et lin, paille comprimée ;
  • Isolants à base de fibres animales : laine de mouton.

Système de ventilation

La RT 2012 incite à une forte étanchéité à l’air. La ventilation doit impérativement être adaptée en conséquence, tout particulièrement pour des raisons sanitaires (recyclage de l’air) mais aussi en vue d’assurer la durabilité du bâtiment.

Une des approches des bâtiments de basse consommation consiste à réguler les débits d’air en raison de la durée d’occupation des pièces du logement et de récupérer la chaleur de l’air.

À cet effet, il est par exemple possible de citer les systèmes de Ventilation Mécanique Contrôlée (VMC) hygrogérable ou à double flux avec échangeur.

Les équipements style « puits canadien » peuvent également être sollicités en complément.

Système de chauffage

Le choix du système de chauffage est largement tributaire de la localisation géographique du bâtiment, selon qu’il soit implanté en région froide ou chaude. La solution de chauffage doit donc prendre en considération ces paramètres météorologiques.

Voici quelques solutions de chauffage fréquemment utilisées par les bâtiments de basse consommation :

  • Chaudière à condensation gaz ou fioul ;
  • Pompe à chaleur performante ;
  • Chaudière à bois ;
  • Chauffage solaire, en appoint d’un autre système à meilleur rendement ;
  • Raccordement à un réseau de chaleur alimenté par une source d’énergie renouvelable ;

Le législateur encourage l’utilisation de sources d’énergies renouvelables, lesquelles entrent en compte dans le cadre de l’établissement du coefficient Cep : solutions à base de bois ou raccordement à un réseau alimenté en énergie renouvelable (arrêté du 26 octobre 2010, annexe VIII).

Eau chaude sanitaire

Deux solutions sont apportées par les bâtiments basse consommation :

  • La production d’eau chaude sanitaire (ECS) thermodynamique : l’eau chaude est fournie par une pompe à chaleur spécialement affecté à cet effet ;
  • Pompe à chaleur (PAC) air/eau : l’air extrait du bâtiment est utilisé au chauffage de l’eau chaude par une pompe à chaleur.

Protections solaires

Il faut entendre par protection solaire les volets ou persiennes, lesquelles permettent de réguler les apports en ensoleillement. Il peut également être utilisé des brise-soleils ou auvents.

Quelques sources qui ont permis de réaliser cette page :

  • Guide Effinergie, « Réussir un Bâtiment de Basse Consommation »
  • Dimitri Molle et Pierre-Manuel Patry, « RT 2012 et RT Existant : Réglementation thermique et Efficacité énergétique », éditions Eyrolles, 2011 ;
  • Jean-Pierre Oliva et Samuel Courgey, « La Conception Bioclimatique », éditions Broché, 2006